Les Martyrs du Vietnam

 et

le Cardinal Van Thuan

 

François Baril, prêtre

Communautés chrétiennes St-François d’Assise et St-Bernard

Montréal (Québec), le 24 novembre 2003

 

En ce 24 novembre, jour de la fête liturgique de Saint André Dung-Lac et ses compagnons martyrs du Vietnam, c’est à nouveau l’occasion de rendre grâces à Dieu pour l’expression de leur foi jusqu’au don de leur vie. C’est ainsi que la vie prend couleur d’espérance alors que tant de femmes et d’hommes comme eux, au fil de la grande histoire de l’humanité, portent le témoignage de la radicalité dans l’amour !

 

À leur mémoire s’ajoute aussi celle du chaleureux et généreux Cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan : au terme de sa vie, il y a un peu plus d’un an, il a laissé lui aussi le témoignage d’un homme de courage et de don total ¨à cause de Jésus et de l’évangile¨.

 

Comment ne pas me rappeler avec une profonde émotion et une très grande admiration cet homme extraordinaire rencontré en avril 2000, alors qu’il nous accueillait, un groupe de prêtres québécois, dans son bureau du Vatican. Sa responsabilité de président de la Commission Justice et Paix, il la portait bien avant d’en recevoir la nomination : lui qui a subi le martyre, il a présidé à la paix depuis sa prison pendant 13 ans ¨en aimant ses geôliers¨, nous disait-il. Et au terme de sa vie, il a laissé en guise de testament ce témoignage éloquent : ¸¨Je ne conserve de haine envers personne¨.

 

Alors que son poste le plaçait au carrefour de tant de rencontres des grands de ce monde, il nous rappelait qu’il y a bien des discours qui ne changent rien. ¨Ce qu’il faut c’est le cœur¨, nous disait-il encore. C’est avec son cœur habité de foi, d’espérance et d’amour qu’il a fabriqué, en clandestinité dans sa prison, une petite croix, devenue plus tard sa croix pectorale d’évêque. Souvent rongé par l’habitude de le voir partout, le signe de la croix a repris tout son sens lors de cette rencontre : j’ai senti ce jour-là que ce signe portait avec densité tout l’amour à la fois du Maître et de son disciple.

 

Dans la force de l’âge, il a été obligé de s’abandonner à Dieu, nous confiait-il. Dans cette situation paradoxale d’enfermement, il a connu la liberté. Vraiment notre monde est comblé : le témoignage des martyrs d’hier et d’aujourd’hui nous renvoie courageusement sur les chantiers où se construit avec le cœur un monde de justice et de paix!

 

Merci André Dung-Lac. Merci à tes compagnons. Merci François-Xavier Nguyen Van Thuan! Priez pour nous!

 

En témoignage d’estime à Monsieur Antoine Nguyen,

de la rue Émile-Legrand, à Montréal,

ami du Cardinal Van Thuan.