VINGT LECTURES

POUR APPRENDRE LE FRANÇAIS

 

 

Rev Sảng Đình J. M.  Nguyễn Văn Thích

 

 

 

 

1.  FÊTE DE LA MI-AUTOMNE

 

C’est la mi-automne.

Ce soir, le vent a chassé les nuages. La lune monte, et d’un éclat limpide, elle nous regarde et semble nous dire:

“Dansez mes gars, dansez tous en rond.”

Oui, dansons, chantons la belle lune de la mi-automne. Et quand nous aurons dansé et chanté en son honneur, des amis inconnus nous offriront de sa part des gâteaux ronds comme son disque d’argent.

Merci, Madame la Lune, merci de vos cadeaux pour cet automne.

Et tâchez de revenir l’an prochain avec la même sérénité de temps, avec le même éclat de fête.

 

2.  BEAUTÉS DE LA NATURE

 

Bích aime les prairies émaillées de fleurs.

Il aime les forêts retentissantes des chants d’oiseaux.

Il aime à écouter les murmures des ruisseaux, et le soupir de la brise.

Il aime à contempler les sommets des monts élevés et la surface de la mer onduleuse.

Il aime les nuages qui voguent dans l’espace.

Il aime le soleil qui dore les flots. Il aime les fraîches aurores et les chauds crépuscules.

Il aime surtout les nuits profondes embellies par le sourire de la lune d’argent et le regard clignotant des étoiles de diamant.

Bích aime la nature.   

 

3.  LE JOUEUR DE FLÛTE

 

Il fait clair de lune.

Dans les rues, on n’entend plus le bruit des voitures.

Tout à coup, le son de la flûte s’élève dans le silence. C’est l’aveugle Bôn, le joueur de flûte qui passe. Nam aime bien entendre la musique. Il dit à son père:

“Papa, voulez-vous que j’appelle le joueur de flûte? J’ai là des sous à lui donner.”

- C’est bien, mon enfant. Nous aurons ainsi le double plaisir de l’entendre et de lui faire la charité.

Nam court l’appeler. L’aveugle entre. Il se met sur une natte, sa petite fille à côté de lui. Lui joue de la flûte, elle marque la mesure avec deux bouts de bois. Le son de la flûte s’élève, flotte, ondule, alto, gravissimo. On dirait le nuage qui vogue, l’eau qui coule, le vent qui siffle, le pigeon qui roucoule. Nam écoute silencieux, ravi.

 

4.  THU CHEZ SA TANTE

 

Les jours de congé, Thu va voir sa tante, à Kim Long, faubourg Ouest de la ville de Hué.

Il ne se lasse pas de regarder le parterre de fleurs qui se trouve derrière l’écran.

Ici ce sont des dahlias, des roses d’Inde (ou fleurs de longévité) aux couleurs variées. Là ce sont des jasmins blancs, des chrysanthèmes mauves, des coquelicots rouge-vif. Dans les pots de porcelaine, il y a des roses et des lis, reines des fleurs. Il contemple avec délice le beau nénuphar blanc du bassin d’eau où se jouent les poissons rouges à la  queue traînante comme une robe de mariée.

Vraiment, pense Thu, ma tante est une artiste.

5.  HUÉ

 

Nous voici sur le Cavalier du Roi.

Du haut du pavillon, qui se trouve derrière le Phu-Vǎn-Lâu (Palais des Décrets), on a de Hué une vue splendide.

Les pins de l’Écran Royal forment un trapèze verdâtre. Les eaux du Fleuve des Parfums reflètent l’azur du ciel comme dans un miroir.

Au loin, à l’Ouest, le Double-Pic se couronne de nuages blancs comme la neige. Plus près, à l’Est, les arches du pont Trường-Tiền ondulent comme un dragon.

Au pied de l’Écran, Thu entrevoit la silhouette de la Cathédrale de Phủ Cam, et, entre les deux clochers, la statue de la Vierge étend les bras comme pour protéger la capitale.

Thu se découvre et murmure tout bas :

- Je vous salue Marie.

 

6.  LA PÊCHE À LA LIGNE

 

« Le temps est beau, allons à la pêche ! »

Tout en disant ces mots, Tý passe la nasse à Mẹo son jeune frère, lui-même prend la ligne.

Au bout de la ligne est attaché un fil, et au bout du fil, un hameçon. Dans la nasse, il y a des appâts : quelques vers de terre et des sauterelles.

Tý  marche devant et Mẹo derrière.

Arrivés au bord de la rivière, Tý se met à l’ombre sur une grosse pierre, sous un bosquet de bambous, Mẹo s’assied tout à côté.

Quand Tý a déroulé la ligne, Mẹo met un appât à l’hameçon. Tý jette l’hameçon à l’eau. Le flotteur (ou le bouchon) se balance à la surface.

- Mon frère, ça mord !

- Silence ! Tu fais peur aux poissons.

Silencieux et attentifs, les deux frères fixent le flotteur.

Un vent léger fait fléchir le fil, pencher le flotteur, mais ça n’y est pas encore.

Un quart d’heure passe et voici que le flotteur ne flotte plus. Il s’enfonce et plonge, plonge. D’un coup sec Tý relève la ligne. Un poisson de la grosseur de trois doigts est jeté frétillant sur le gazon de la berge.

- A mon tour, maintenant, réclame Mẹo. Et Tý lui passe la ligne.

Bonne chance, mes petits amis, bonne chance.

 

 

7.  QUAND IL PLEUT

 

Lorsqu’il pleut et qu’on ne peut jouer dehors, le maître dit aux élèves d’aller sous le préau.

Le préau est un vaste hangar, sans mur mais soutenu par des colonnades en maçonnerie.

Sous le préau, le jeu de ballon est impossible. Alors les enfants organisent des parties de billes, de ping-pong. Les petits jouent à cache-cache. Les grands préfèrent jouer aux quatre coins. Chacun occupe une colonne. Au signal donné, ils changent de place. Celui qui est au milieu cherche à prendre la place de celui qui se détache de sa colonne.

On court, on se réchauffe, on crie, on rit jusqu’aux larmes.

Qui dit que la pluie est triste ?

 

 

8.  LA CONSCIENCE EST UN MAÎTRE

 

Le jeune Hứa-Hoành voyageait : il se rendait de Honan à Hopei en Chine.

Il faisait chaud. La caravane s’arrêta sous un litchi, chargé de fruits à demi-mûrs. L’arbre se trouvait à côté de la route mandarine.

Quelqu’un est monté sur l’arbre et bientôt les litchis jonchèrent le sol. Tout le monde se les disputa à qui mieux mieux et s’en régala pour contenter sa faim. Seul Hứa-Hoành restait immobile à sa place.

« Avez-vous soif ? » lui demanda-t-on.

- Oui, répondit-il.

- Pourquoi ne pas vous rafraîchir avec ces fruits délicieux ? Ils sont sans maître, puisqu’ils ne sont de la propriété de personne. 

Et Hứa-Hoành de répondre posément :

- Ces fruits sont sans maître, mais moi j’ai un maître que j’écoute docilement, c’est ma conscience.

 

 

9.  LE PIGEONNIER

 

A la maison de campagne de Bích-Đào, il y a un pigeonnier très beau, beau comme le palais d’une princesse.

C’est une espèce de pagodon à trois étages. A chaque étage, aux murs, sont pratiquées des ouvertures rondes dont le bord est peint en blanc avec un cercle rouge tout autour comme aux yeux des colombes.

Dans ce palais, des appartements sont bien aménagés. On y trouve une fraîcheur agréable, et autour des appartements, un couloir en bambou tressé pour que les pigeons y circulent.

Ce pagodon n’a qu’une colonne pour le soutenir, avec des piquants pour le défendre. Les chats, les renards ont beau faire : ils n’arriveront jamais à s’y introduire.

Et chose unique au monde : point d’escalier !

Pour monter et pour descendre, les pigeons ont des ailes. Ah ! Que n’ai-je des ailes comme les colombes.

 

 

10.  LANTERNES DE NOËL

 

Noël approche. Comme travail manuel, les enfants de l’école paroissiale confectionnent des lanternes.

Ils travaillent activement. Les uns découpent des bambous en lattes qui servent à faire les armatures. Les autres collent sur ces charpentes du papier multicolore. D’autres y ajoutent des ornements, des dessins, des arabesques de toutes sortes.

 Et les lanternes sont de toutes les formes : rondes, carrées, en losange, en rectangle, en pentagone, en hexagone…

Mais ce sont les lanternes-étoiles qui surpassent toutes les autres. Elles nous rappellent l’étoile qui a conduit les mages à la crèche de l’Enfant Jésus.

 

 

 

11.  HISTOIRE DU VER LUISANT

 

C’est la nuit de Noël. Le Divin Enfant est né. La Vierge-Mère l’a enveloppé dans un linge et l’a mis dans une crèche.

Il fait un grand froid piquant. La grotte de Bethléem est ouverte à tous les vents, le Nouveau-né tremble de tous ses membres, il pleurniche.

Le bœuf et l’âne ont beau soufflé, leur haleine ne le réchauffe pas.

Saint Joseph a beau allumé un petit feu, le vent l’éteint au bout de quelques minutes.

La Vierge a beau bercé l’enfant en chantant et en le serrant dans son voile, il continue à trembler et à pousser des gémissements dans la nuit obscure.

Mais voici qu’au dehors le croissant de lune commence à se montrer, et son frêle reflet argentin à pénétrer dans la grotte. 

Dans ce rayon, un insecte prend ses ébats : il danse. Et sa danse semble jeter des étincelles sur la crèche.

Le Divin Bambin prend plaisir à le suivre du regard, et sous la lumière de la lune, la Vierge Marie voit son visage s’éclairer d’un céleste sourire.

« O mon adorable enfant, murmure-t-elle, s’il te  plaît, récompense le petit ver qui t’a fait sourire. »

Alors, l’enfant Jésus étend ses petits bras, et, de sa main droite, il saisit l’insecte au vol, et de l’autre, il détache de la lune un rayon qu’il enfouit dans l’abdomen de la bestiole, qui, à partir de ce moment, devient luisante comme une étoile.

Et depuis on l’appelle le ver luisant.

 

 

12.  CHEVAUX EN PALMES D’ARÉQUIER

 

Le jeudi soir, quand il ne va pas en promenade, Dũng reste à la maison et joue avec ses frères et sœurs.

Les enfants vont au jardin. Ils ramassent les feuilles de jaquier et s’en font des coiffures.  Ils découpent les feuilles de bananier pour faire des fusils, et des palmes d’aréquier leur servent de montures.

Leur mère leur permet de jouer dans la cour intérieure.

Ils chevauchent, crinière au vent. Ils se poursuivent à qui mieux mieux. Ils se font la guerre : ils s’attaquent, ils brandissent leurs armes, ils crient jusqu’à la nuit tombante.

Certes, la guerre des pavillons de roseaux de Đinh Tiên-Hoàng ne vaut pas celle des chevaux de palmes d’aréquier de notre petit Dũng.

 

 

13.  LA TOILE D’ARAIGNÉE

 

Dans un coin du jardin, entre deux orangers, l’araignée a suspendu son hamac.

Cette toile, elle l’a tissée bien régulière et bien fine. En un tour de main, on peut facilement la défaire. Mais gare aux demoiselles, aux papillons volages qui s’y laissent prendre. Ils deviennent bientôt la proie de la bête à huit pattes qui les attend là, sur son métier.

Insectes ailés, méfiez-vous de ce filet fragile.

Et vous enfants, respectez la belle toile. Vous pouvez la voir, le matin, sous les premiers rayons du soleil, chargée de rosée, brillante comme une dentelle ourlée de perles.

 

 

 

14.  LE NÉNUPHAR

 

C’est le mois de Mai.

Les nénuphars épanouis envahissent les mares.

La tige du nénuphar sort de l’eau. Chaque tige porte une feuille ou une fleur.

La feuille du nénuphar ressemble à un parasol renversé, et le bouton, à un gros pinceau.

Quand la fleur s’ouvre, on voit, au milieu, une capsule avec une couronne d’étamines jaunes, et tout autour, des pétales rouges ou blancs.

Les vieilles capsules sont d’un vert foncé. Elles renferment des graines comme dans les alvéoles des ruches d’abeilles. Elles sont bonnes à manger.

Le nénuphar est né dans la boue mais ne sent pas la boue.

C’est la fleur des sages, selon les lettrés. Pour nous, c’est la fleur des vierges.

 

 

15.  UN FANTÔME QUI COÛTE TROIS PIASTRES

 

Entre la citadelle de Quảng-Trị et Bồ-Liễu, il y a un champ désert de deux lieux à la ronde.

Au milieu de ce vaste champ, il y a un grand badamier et sous le badamier un gentil pagodon, fréquenté, dit-on, par un fantôme des plus redoutables.

Gare aux gens qui s’y traînent la nuit. Ils y laisseraient et leur peau et leur os.

Un soir, cependant, après le souper, un habitant de Bồ-Liễu passa par là. Il devait se rendre à la ville, dans une boutique chinoise pour acheter des médicaments afin de préparer une tisane pour son père gravement malade.

La piété filiale lui fait oublier la peur des fantômes, et, s’il le faut, il bravera la mort pour sauver la vie à son père. Que le ciel lui vienne en aide !

Il s’est muni d’une longue fourche, et arrivé près du pagodon, il se signe :

« Que les fantômes osent se présenter à moi ! »

Rien ne se produit.

Mais au retour, vers minuit, quand il repasse par le même endroit, il entend tomber quelque chose d’assez lourd au pied de l’arbre. De sa fourche, il tâtonne et cherche à atteindre le fantôme. C’est d’abord quelque chose d’allongé puis qui s’enroule en un pneu avec un trou au milieu. Bien, il y met sa fourche et tâche de la porter sur son épaule.

Après plusieurs essais, il finit par arriver au village. Dans la cour de la maison, il jette son fardeau et appelle sa femme : « Viens voir le fantôme que j’ai attrapé. »

On allume la lampe. « Ah ! C’est un pangolin, dit-il. Mais voici les médicaments. Prépare la tisane pour Papa. »

Mais papa est guéri et le voici qui vient voir le fantôme.

Le lendemain matin, notre bonhomme retourne à la ville, il vend le fantôme de pangolin à la pharmacie chinoise pour le prix forfaitaire de trois piastres.

 

 

16.  SUR LA RIVIÈRE DES PARFUMS

 

C’est aujourd’hui, le 21 mars, l’équinoxe du printemps. Il fait un temps magnifique.

Le ciel est d’une limpidité parfaite, et les eaux exhalent un encens vaporeux qui estompe le paysage.

Quel plaisir de se promener à pieds sur les bords du fleuve parfumé ou de s’appuyer sur le parapet du kiosque Nghinh-Lương-Đình pour contempler le coucher du soleil derrière la chaîne des montagnes de l’Ouest.

Mais pour jouir de tous les charmes de la capitale spirituelle (Thần-Kinh) il faut être sur une barque et voguer comme dans l’immensité  du  lac  Xích-Bích,  au  chant  des sampanières, au moment du crépuscule, où d’un côté le soleil se cache et de l’autre la lune se montre.

Un prince belge, fils d’Albert le Grand, a goûté ce plaisir et en a emporté un souvenir ineffaçable.

 

 

17.  LA CANNE À SUCRE

 

La canne à sucre de Mỹ-Á ! Quoi de plus croquant ? Quoi de plus succulent ?

Aussi Thu l’aime-t-il à la folie. Et qui ne l’aimerait pas ?

La canne à sucre ressemble au roseau. Elle est de couleur brune ou vert clair, elle porte des nœuds de distance en distance, elle est pleine à l’intérieur.

Avec un couteau, enlevez l’écorce et vous voyez une moelle blanche comme de l’ivoire.

Attaquez-la à belles dents, broyez-la et aspirez tout le jus, et vous verrez comme il est doux.

Quand il fait chaud et qu’on a soif, rien ne rafraîchit ni ne désaltère comme la canne à sucre.

 

 

 

18.  LES SCOUTS DU VIETNAM

 

Sur la rive parfumée,

A la queue-leu-leu,

Ils passent, troupe animée,

Gars au foulard bleu.

Et dans l’onde miroitante,

Leur silhouette serpente.

Ah ! Ah ! Ah !

Les scouts vietnamiens sont là.

               

                  ***

Les voici sur le pinacle

Du Royal Écran,

Face au chatoyant spectacle

Du soleil couchant.

Toits, miradors, citadelle,

D’or, de feu, tout étincelle.

Ah ! Ah ! Ah !

Les scouts vietnamiens sont là.

                       ***

Longeant de Lăng-Cô la grève

Au gracieux contour,

Où le vent, les flots, sans trêve,

Chantent nuit et jour.

L’alerte et belle jeunesse

Chante, elle aussi, quelle ivresse !

Ah ! Ah ! Ah !

Les scouts vietnamiens sont là.

 

                    ***

Du haut du Col des Nuages,

Dans l’immensité,

Dominant les paysages,

D’austère beauté,

Grisé d’azur et d’extase,

Pour vous, Dieu, leur cœur s’embrase.

Ah ! Ah ! Ah !

Les scouts vietnamiens sont là.

 

                    ***

O terre de Dieu bénie,

O ciel enchanteur,

Beau Vietnam, chère patrie,

A toi tout mon cœur.

Là je veux passer ma vie,

Y mourir c’est mon envie.

Ah ! Ah ! Ah !

Les scouts vietnamiens sont là.

 

19.  LES PRIX

 

Dans l’immense salle des fêtes, on voit réunis tous les parents et amis des élèves. C’est le chef de la municipalité qui préside à la distribution des prix.

Quand le proviseur a prononcé son discours d’usage, le préfet des études commence la proclamation des lauréats et des prix. 

A chaque proclamation, les applaudissements se font assourdissants et le cœur de Thu palpite : son frère Xuân est premier en Seconde et a reçu de beaux prix. Lui en Septième, n’est que le cinquième et n’a rien.

Pourtant il n’est pas triste, puisque son maître et ses parents sont contents de son application et de sa conduite, cela le console : il a fait ce qu’il a dû et ce qu’il a pu.

Il pense tout bas :

« Avec persévérance on vient à bout de tout. »

Et il se promet de faire toujours de nouveaux efforts pour la nouvelle année en Sixième.

 

 

20.  LA LÉGENDE DE L’HUÎTRE PERLIÈRE

 

Il était une fois une huître à la coquille mousseuse qui venait bailler au soleil sur les plages à l’embouchure du Gange (Hằng-Hà).

Elle venait de l’Océan Indien. Or la Mer Indienne est d’une amertume indicible. Que cherchait-elle ? Une goutte d’eau douce ou de rosée matinale pour apaiser sa soif.

Mais arrivée à l’embouchure, l’eau du Gange sacré perd sa douceur, et la goutte de rosée, quand tombera-t-elle? Et comment viendra-t-elle juste sur ses lèvres, jusque dans son sein ?

Elle ouvre sa coquille, exposant sa chair opaline aux ardeurs du soleil.

« Cieux, prie-t-elle d’une voix plaintive,

« Cieux, versez votre rosée ! Rorate de cœli super. »

Et le ciel se laisse émouvoir. Un ange détache des nuages une goutte d’eau et la laisse tomber juste sur ses lèvres, jusque dans son sein.

Oh ! Quelle fraîcheur pour son âme d’huître indienne.

Vite, elle referme hermétiquement ses valves et se replonge dans la mer, emportant dans son cœur la précieuse goutte qui se transforme en perle.