L’ÉDUCATION

 DES SENS

                                                                                                                                                 Rev Sảng Đình J. M.  Nguyễn Văn Thích

 

 

 

 

L’ÉDUCATION DES SENS

 

 

 OBJET

 PROGRAMME

 METHODE

 LOCAL

 PERSONNEL

 

 

 

 

 

(TRADUCTION DU VIETNAMIEN)

« GIÁC DỤC »

J. M. T.

 

 

 

 

 

 

 

Imprimatur :

29-11951

J. B. Urrutia

Vic-apost

 

 

 

 

 

 

_________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DE L’ÉDUCATION DES SENS

 

Il y a une lacune très grave dans l’éducation des tout-petits.

La mère de Mencius a bien parlé de l’éducation dès le sein maternel, mais le fait était unique dans l’histoire de Chine et c’est plutôt la mère qui s’éduque, qui se prépare.

Aujourd’hui, il est bien question d’éducation maternelle, mais il n’existe aucune méthode bien définie.

Il semble que le premier pas vers l’éducation est celui que fait l’enfant vers l’école. L’éducation familiale reste sans organisation et sans programme.

 

La tendance générale est de s’en remettre à l’état qui, à présent, paraît garde le monopole Il trace bien des programmes pour les écoles primaires, secondaires, supérieures :

Programme d’éducation physique,

Programme d’éducation intellectuelle,

Programme d’éducation civique.

 

Bien qu’imparfaites, il y a déjà organisations : écoles, stades, livres, professeurs.

Mais pour les tout-petits, rie qu’une petite classe, greffée sur l’enseignement primaire.

Le programme d’éducation de sens n’existe pas.

Cherchons, travaillons à combler la lacune.

 

 

POURQUOI ?

 

Et pourquoi parler d’éducation de sens ?

C’est que pour l’homme la vie ne commence pas par l’intelligence, ni par la volonté, ni même par les muscles.

La vie, elle commence par les sens. Et elle continue par les sens. L’homme est un animal tout d’abord pour être raisonnable ensuite : animal, donc sensible.

Et puisqu’on sait que la vie et comparable à l’année composée de quatre saisons : printemps, été, automne, hiver[1], puisqu’on sait diviser l’enseignement en quatre stades : enfantin, primaire, secondaire, supérieur, pourquoi n’y a-t-il que trois programmes, trois éducations : physique, intellectuelle, morale ?     

Pauvres petits !

Personne ne leur rompt du pain ! Personne pour guider leurs premiers pas, pas décisifs, puisqu’un faux pas dès le début peut être une déviation désastreuse pour la vie entière !

Commençons par le commencement.

Réservons la première place et cédons le premier pas à l’éducation des sens.

C’est rationnel et simplement juste : Les petits, les humbles, les derniers doivent être les premiers servis ! Novissimi, primi, selon l’Évangile.

Pour l’organisation de cette éducation, occupons-nous des points suivants :

1°) de l’enfant (Objet)

2°) du programme

3°) de la méthode

4°) des jardins d’enfants (Local)

5°) des jardinières (Personnel).

 

 

 

 

 

 

I

DE L’ENFANT

(OBJET)

 

 

 

1.                 CE QU’EST L’ENFANT

 

Très important de connaître ce qu’il est.

L’enfant, dit-on communément, est de la cire.

C’est une pousse de bambou.

C’est une toile blanche.

Cire malléable, bambou flexible, toile prête pour la peinture.

Selon la théorie de la bonté naturelle de l’homme[2] nous devons conduire l’enfant jusqu’à la perfection suprême.

Si nous concédons, comme Dương Chu et Mạc Địch que l’enfant est semblable « à de la soie, indifférente à la teinture, en bleu ou en jaune, à une route pouvant conduire aussi bien au Nord qu’au Sud », ne le laissons pas se teindre en noir, ni aller à la dérive vers le mal.

Croyons-nous peut-être que l’enfant est un amalgame de bien et de mal, comme le pense Dương Hùng ? Prenons soin d’extirper en lui la racine du mal et de cultiver la bonne plante.

Mais laissons de côté ces théories. Fixons la réalité. Reconnaissons avec la psychologie que l’enfant est une masse sensible.

 

 

2.                 MASSE SENSIBLE

 

Même, dès le sein de la mère, l’enfant est déjà homme.

Et l’homme est un animal spirituel.[3]

Et cette âme spirituelle est en même temps végétative et sensitive : sensitive comme chez les animaux, végétative comme chez les plantes.

Bien avant la naissance l’embryon humain végète déjà sans bruit mais la sensibilité et la spiritualité sont encore à l’état latent.

Sitôt qu’il est né, l’enfant commence sa vie d’animal, sa vie sensitive. Il pousse ses premiers cris, qu’à tort nous appelons pleurs, et qui signalent les premières impressions implicites qu’il reçoit par les sens. C’est son salut à la vie, à la lumières, aux choses et aux personnes qui l’environnent, et surtout à sa mère dont il réclame nutrition et éducation.

Jusqu’avant l’apparition de la raison, la vie spirituelle est encore subjacente : L’enfant n’est qu’une masse de sensibilité.

Je dis une masse, comme qui dirait une masse d’argile qui doit devenir statue et qui n’est encore qu’une matière brute : une masse, oui, mais une masse organisée, mieux encore une masse qui sent, une matière sensible.

La vie végétative, on le sait, consiste en absorption et en assimilation. Il en est même de la vie sensible : Absorption quant à la sensibilité passive et assimilation quant à la sensibilité active.

 

 

3. SENSIBILITÉ PASSIVE : CẢM

 

 

Les sens s’ouvrent, aussitôt formes, images, bruits, odeurs se précipitent à l’intérieur, ce dont les enfants ne peuvent se défendre.

C’est la sensation passive. Comme on dirait une sensation de froid causée par un courant d’air.

Les anciens diraient : le fil de la soie a reçu la première teinture, la cire, la première impression qui ne s’effacera pas.

Avant la raison, quand l’enfant n’a pas encore conscience de ses actes, la plupart des perceptions sensibles sont pour ainsi dire des sensations passives.

C’est la minute. Je dirai même : c’est l’instant. Il faut être là pour surveiller à l’ouverture et à la fermeture de l’objectif des sens :

Méthode de formation intellectuelle et morale, et en même temps méthode de « préservation du mal et de conservation du bien ». Méthode maternelle.

« Bien avant nous qui donc s’éveille ?

« Bien après nous quel ange veille,

« Penché sur notre front dormant ?

« C’est la Maman ! »

 

4. SENSIBILITÉ PASSIVE : GIÁC

 

Selon l’explication bouddhique Giác veut dire illuminé, se réveiller. C’est un verbe passif et réfléchi.

Selon les modernes, Giác signifie percevoir par les sens. C’est un verbe actif.

Giác se traduit couramment par connaître, savoir : verbes actifs aussi.

Ces trois sens : passif, réfléchi, et actif donnent une idée adéquate de la sensation dont nous parlons ici.

Passive, la sensation n’est pas complète, elle n’est pas encore l’acte de sentir.

Mais impressionnés, les sens gardent l’impression, ils réagissent : l’oeil perçoit la forme, les couleurs, l’oreille entend, le nez flaire, la langue déguste : C’est la sensation active, la sensation proprement dite.

Mais aussitôt et en même temps c’est le départ d’une suite d’actions repliées à l’intérieur : L’enfant commence à considérer, comparer, composer et exposer en lui-même et en suite à l’extérieur.

Grâce aux données des sens, l’homme arrive à des notions plus abstraites.

Ici, la connaissance sensible a conduit à la connaissance intellectuelle au savoir.

Où nous mènent donc nos sens ?

D’où l’importance de les diriger de les éduquer.

 

 

5. SENS DU BEAU

 

La première chose perçu par l’enfant c’est le sensible.

Et la première chose qu’il aime est le beau sensible.

Et l’on peut dire que le sens commun chez l’enfant est le sens du beau.

Le beau c’est ce qu’il cherche, qu’il choisit en tout ce qu’il sent.

Il emploie le mot joli pour le désigner : Joli minois, jolie voix, joli livre.

Les hommes disent plutôt : beau visage, belle voix, belle poésie et  beau sort, belle affaire.

Pour les enfants, comme pour la plupart des hommes, bon et beau se confondent. Tout ce qui est beau est bon, et tout ce qui est bon doit être beau. La bonté ne se voit pas facilement, la beauté saute aux yeux. Celle-là gît au fond, celle-ci brille à la surface. L’une relève de l’intelligence, l’autre des sens.

En réalité, le beau que tous recherchent dans les formes c’est le charme, l’attrait.

Le beau en musique  c’est l’harmonie.

Le beau dans les saveurs c’est le bon goût.

Le beau dans les écrits, les discours, c’est la poésie, l’éloquence.

Le beau dans les travaux manuels c’est le doigté, c’est l’art.

Voilà pour le beau sensible.

Et Mencius a parlé encore du beau moral :

« Justice et raison plaisent à notre coeur comme légumes et viandes plaisent à nos palais. »

Mais par quel sens le beau moral peut-il être perçu ?

Nous répondons : Par le sens de l’ouïe, ex auditu, comme dit St Paul, parlant de la foi.

Aussi, rien ne vaut l’histoire bien racontée pour faire aimer les belles paroles et les beaux gestes des sages et des saints.

Pour l’éducation comme pour l’instruction, le programme des jeux et des études doit commencer et finir par une belle histoire.

Oui, quand l’homme commence à aimer, c’est de la beauté qu’il aime.

L’instinct, le sens du beau précède la raison.

De là la raison de notre méthode :

Le beau doit servir de base à l’éducation des sens.

 

 

 

 

 

 

II

DU PROGRAMME

 

 

 

1. DU PROGRAMME 

 

On le voit : le programme d’éducation des sens est basé sur le beau, subjectivement et objectivement.

Subjectivement, sur les facultés de l’enfant : Sens externes et sens internes, vue, ouïe, goût, odorat, toucher, imagination, mémoire.

Objectivement, sur les formes, couleurs, sons, odeurs, charmes, spectacles de la nature, en rapport avec nos sens et facultés.

Ce programme n’est pas nouveau. Depuis la création, depuis l’origine  de l’homme, il est tout tracé.

« Vent qui souffle sur le fleuve : harmonie pour l’oreille.

« Lune qui luit dans la forêt : lumière pour les yeux.

« Inépuisable trésor de la création, libre à qui d’y puiser.

« Libre à qui d’en user ! »[4]

Programme très vaste, très complet. Que de formes, que d’espèces variées, que d’êtres ! que de phénomènes !

Tout est beau dans la nature.

On n’a que l’embarras du choix pour l’enseignement comme pour l’étude.

Prenons seulement la quintessence des choses, le beau, pour nos leçons et cela suffit.

Si pour l’esprit, l’éducation vise le vrai, pour la volonté, elle tend au bien, comment pour les sens, ne se base-t-elle pas sur le beau ?

Et dehors du beau, peut-on proposer autre chose ?

 

 

2. DU BEAU

 

Bien beau, le programme, mais une objection :

Pour l’étude du beau, il faut le diplôme de culture générale, puis l’école des beaux-arts et des belles lettres.

L’enseigner aux tout-petits, c’est marcher à l’encontre du vingtième siècle !

Nullement : Nous allons seulement au devant du vingt-et-unième.

A l’école des Beaux Arts, ce qu’on enseigne, ce qu’on étudie, c’est plutôt le beau de création humaine, recueilli et conservé dans les musées. Les modèles sont morts. On y apprend surtout les principes, les règles du beau. Bien qu’il y ait des exercices pratiques pour la formation artistique, ces exercices ne doivent-ils pas avoir précédé l’école des arts et métiers ?

Ici, à l’école de la nature, les enfants se trouvent en contact avec les modèles vivants de la création et s’y exercent dès le moment où l’oeil commence à observer, l’oreille à écouter, où le doigté est souple, la verve toute fraîche, la sensation toute neuve.

A sept ans, Mozart était un virtuose dans les cours des rois. A treize ans, Beethoven avait la maîtrise des orgues des grandes cathédrales. Quand est-ce que ces deux jeunes artistes ont commencé leurs études musicales ?

Exceptions, dites-vous ?

Mais, elles confirment la règle que voici : En tout enfant il y a un artiste, un poète, un saint en herbe. Et s’il y a peu d’artistes, de poètes et de saints, c’est parce qu’il en a peu qui ont tôt commencé à le devenir.

Et voilà pourquoi ce principe :

Apprendre tôt, assez tôt, le plus tôt possible, les plus belles choses aux plus petits.

 

 

3. LE BEAU DANS LA CRÉATION

 

Tout, dans la nature, est beau et très beau. Valde bonum, dit l’Ecriture.

« Dieu a tout fait avec nombre, poids et mesure, il a disposé tout avec force et suavité ».

C’est en ces mots lapidaires que l’Auteur sacré a résumé le bel ordre de la création. Beau dans les détails, beau dans l’ensemble.

Apprendre aux enfants à regarder une goutte de rosée à la pointe d’une feuille ou sur une toile d’araignée ;

A goutter à une mûre le long des haies :

A prêter l’oreille au chant des grillons dans les fissures des pierres ;

A respirer le parfum de la violette cachée sous l’herbe.

Que Dieu est grand dans les petites choses : magnus in minimis.

Et qu’il est admirable dans les grandes : mirabilis in altis !

Car que dire « des reflets des eaux d’automne, des lignes des montagnes au printemps », de ces coups de brosse des aurores radieuses, de ces tableaux improvisés des crépuscules grandioses, et de l’harmonie « des cieux qui racontent la gloire de Dieu » ?

 

 

TOUT EST BEAU :

 

Beau dans les tons : éclat, estampe, relief, profondeur, toutes les nuances, tous les degrés de la gamme du clavier et du prisme.

Beau dans les saveurs : douceur, suavité, baume, onction, amertume, acerbité, mais assaisonnement de bon goût.

Beau dans les spectacles de la nature : charme, poésie, richesse, sobriété, unité, ordre.

Réveillons les enfants, éveillons leurs sens :

Enfant, réveille-toi et regarde.

Regarde les fleurs écloses dans la nuit,

Sous la rosée scintillante.

Enfant, réveille-toi et regarde.

Enfant, réveille-toi et écoute.

Ecoute le murmure des ruisseaux,

Le gazouillis des oiseaux de la forêt.

Enfant, réveille-toi et écoute.

Laissons le vrai beau entrer tôt chez les enfants, c’est le moyen  positif de les préserver des goûts dépravés, des habitudes grossières, de l’amour du beau factice.

C’est aussi apprendre aux enfants le grand amour de la Nature et de l’Auteur de la nature : Per visibilia in invisibilium amorem rapiemur.

 

 

4. LE BEAU CHEZ L’HOMME

 

Le beau chez l’homme est surtout le beau moral.

Le beau moral consiste en vérité et en bonté : Le vrai est le beau pour l’intelligence et le bien est le beau de la volonté. L’homme est moralement beau quand il est dans le vrai et le bien. Il aura beau chercher à être beau autrement.

Ce beau, bien que Bien et Vrai, n’est pas naturellement parfait chez l’homme.

Vrai et Bien sont dons de Dieu. Mais la perfection pour l’homme est l’oeuvre de l’homme lui même.

Il est créé sans lui, mais ne se perfectionne pas sans lui.

De là pour lui l’obligation de tendre au plus parfait.

D’où aussi le travail d’éducation pour diriger les enfants vers la perfection morale.

Le beau est le couronnement du vrai et du bien.

Mais ce beau invisible, comment le faire connaître aux tout-petits et le faire aimer d’eux ?

Par le sens de l’ouïe, avons nous dit.

Le beau moral est « invisible et inodore », mais il n’est pas sans voix : voix de la conscience, qui s’entend par l’entendement, ( vieux mot qui signifie intelligence).

Et puis notre voix peut la traduire. Qui a des oreilles entendra.

Racontez à l’enfant l’histoire de Tobie qui laisse son repas pour aller ensevelir les morts ; l’histoire de Trưng Trắc qui se lève pour venger son mari et son pays ; l’histoire de Washington qui aime mieux être puni que mentir. Vous verrez que l’enfant vibre à la beauté de ces gestes et se sent porté à les imiter.

Vương-Dương-Minh, après Mencius, prône cette faculté et cette conscience innée chez l’enfant et qui le fait « naturellement aimer les parents, et instinctivement respecter les grands : Amour qui s’appelle humanité, et respect qui s’appelle justice ».

Par là, les enfants apprennent ) se perfectionner eux-mêmes et à aimer les autres, car ils trouveront en eux-mêmes et en les autres le vrai beau qui n’est chose que la vertu, vrai bien de l’homme.

 

 

 

 

 

 

 

III

DE LA MÉTHODE

 

 

 

 

1. DE LA MÉTHODE

 

Le programme de l’éducation des sens se résume en un mot : le beau.

La méthode se condense en un verbe : Jouer dans le beau, ou, comme le dit excellemment Confucius, « se récréer dans l’art ».

La plante humaine pousse, se développe grâce aux deux mouvements : Mouvement vital à l’intérieur = Nutrition.  Mouvement local à l’extérieur = Jeu : Ăn và chơi.

Mais ici ce n’est pas un jeu de hasard, ou plutôt au hasard. C’est déjà coordonné vers un but : le développement de ses petits tendons et de sa petite cervelle.

Condamner l’enfant à l’immobilité, mais c’est l’enterrer vivant.

Le langage traduit bien, au contraire, la sagesse populaire. Quand on veut s’informer de la santé d’un enfant, ne dit-on pas : Est-ce qu’il joue ?

Pour les grands, « manger, jouer » mauvais signe. Mais pour les petits, manger et jouer : signe de santé et de sagesse.

Comment ne pas utiliser cette ressource vitale pour la vie des sens, pour l’éducation de l’enfance ?

L’enfant aime les douceurs et Dieu lui donne le lait pour premier aliment.

Il aime les amusements : amusons-le avec méthode, dans l’art.

Parlez lui d’étude, il boudera.

Parlez lui de jeu, il exulte.

Etudier, c’est s’astreindre aux efforts.

Jouer, c’est se mouvoir librement, agréablement.

Faire jouer, ce n’est pas supprimer l’effort mais le coordonner ; le seconder par le plaisir que l’enfant y trouve.

C’est cela le jeu des louveteaux.

Jouer ainsi : c’est étudier  deux fois.

Bien des gens, déjà grands, s’amusent grossièrement, sans doute parce que tout petits, ils n’étaient pas habitués à jouer sagement, noblement.

Mais méthode, différente : pour les grands, jeu après étude: jouer pour mieux travailler ensuite. Pour les petits, jouer pendant l’étude, le jeu c’est l’étude même.

Mais la méthode rencontrera bien des oppositions de la part des profanes. Ils veulent faire comme les habitants de la principauté Tông dont parle Mencius. Ceux-ci soulevèrent de terre les plants de paddy croyant faire ainsi vite pousser la récolte.

Bien des parents réclament déjà livres, cahiers, leçons à apprendre, devoirs à faire à la maison pour les tout-petits de la classe maternelle !

Et j’ai vu des enfants décroître en santé et en sagesse (étude) pour avoir été forcés, dès l’âge de cinq ans, à dévorer le programme et l’espace !

Bien faire et laisser dire.

La méthode des jeux scouts a fait preuve de son efficacité et de sa valeur pédagogique.

 

 

2. JEUX

 

En quoi consiste le jeu de la méthode ?

Et d’abord comment joue-t-il, l’enfant ?

Réponse : De mille manières.

Tout peut être un jeu pour lui.

Ainsi, écouter une histoire est un jeu.

Regarder un spectacle est un jeu.

Chanter est un jeu.

Danser est un jeu.

Dessiner (caricaturer) est un jeu.

Deviner (calculer) est un jeu.

Collectionner est un jeu.

Cultiver les fleurs, apprivoiser les oiseaux, les poissons, ce sont des jeux.

Mais apprendre une langue vivante, mimer un chant, faire un travail manuel, ne sont-ce pas là des jeux !

Et ne dit-on pas jouer du violon, jouer un rôle, bien que ce soit là une vraie étude ?

Mettre en tout la note de joie, faire voir partout le beau côté des choses, voilà en quoi consiste le jeu de la méthode.

Certes, il faut des artistes, des spécialistes pour inventer des jeux, pour les diriger, les varier.

Mais n’allez pas chercher des jeux compliqués, acheter des jouets d’outre-mer.

Avec une corde, avec un bâton, avec un foulard, les louveteaux ont de quoi se divertir pour des heures entières. Avec du sable comme riz, avec des fleurs hachées comme légumes, dans des coquillages pour paniers, avec des feuilles comme billets de banque, nos petites filles de campagne passent des heures agréables à faire de commerce sur le seuil de la porte.

C’est si facile avec les enfants : un rien les amuse.

Autrefois, le petit Đinh-Bộ-Lĩnh, le futur Đinh-tiên-Hoàng, le roi des « dix mille victoires », jouait à la guerre avec les petits buffletins ; le petit Trạng-Trình jouait à faire des éléphants automatiques avec un ver de terre comme trompe, les ailes de papillon comme oreilles, une queue de margouillat et pour quatre pattes, les petits crabes qui marchent de travers.

Et j’ai vu des enfants jouer à « la messe » : ils se préparaient au séminaire, à la prêtrise.

Et le jeu est devenu réalité pour bien des cas. C’est un test infaillible pour connaître les caractères, les goûts, les aptitudes, les talents. Y a t il meilleur moyen pour orienter les enfants vers une profession, vers une vocation et en faire des saints, des artistes ?

 

 

3. JEUX POUR TOUS

 

La méthode « Bánh Trẻ ».

Pour aider les personnes chargées des jardins d’enfants, nous avons fait une collection des matières de jeu, condensée en une brochure, intitulée « Bánh Trẻ » (nougats d’enfants).

Les jeux (vraies matières d’étude) sont distribués en vingt et un « banquets ». Chaque banquet se compose de dix matières. Il y a en tout 210 jeux ou leçons. Chaque banquet a pour centre d’intérêt un point tiré de l’histoire du pays ou des connaissances usuelles.

Voici l’ordre ou processus des jeux.

1/ Une histoire locale pour commencer.

2/ Une chanson populaire à l’appui de l’histoire.

3/ Un jeu ou une danse.

4/ L’A.B.C.

5/ Une devinette (calcul mental).

6/ Une caricature (ou dessin libre).

7/ Les connaissances usuelles.

8/ Une jeu nouveau.

9/ Une chanson nouvelle,

10/ une histoire (sainte) pour finir.

A part l’alphabet et le calcul mental, aucun jeu ne dépasse dix minutes. Le banquet dure deux heures avec une récréation d’un quart d’heure au milieu.

Rien que jeux et banquets, donc rien à apprendre par coeur, pas de bourrage de crâne.

Les jeux des banquets se répètent deux fois par jour matin et soir. Au bout de vingt et un jours, ou un mois ou aura épuisé le programme.

Nous l’avons expérimenté : Faites jouer trois fois ce programme, les enfants le posséderont à fond.

Parcourez la brochure « Bánh Trẻ » et vous verrez.

 

 

4. JEUX SPÉCIAUX

 

En dehors du programme « Bánh Trẻ », programme de culture générale pour ainsi dire pour les tout petits, il y a des jeux particuliers pour chaque enfant se spécialiser : Par exemple :

Collections, herbiers, albums divers pour chacun.

Horticulture, pisciculture etc. pour quelques uns.

Aquarelle, dessin. Solfège, musique pour quelques autres.

Pour ceux dont les parents demandent des leçons particulières de langue vivante, il faut des leçons spéciales et des professeurs ad hoc.

Mais en dehors du jardin d’enfants, nous nous permettons quelques conseils  aux familles.

Le soir à la maison, avant le coucher, vers 7 heures ou 8 heures, les parents peuvent apprendre aux enfants quelques minutes d’histoire sainte, quelques minutes de prières vocales, quelques minutes de chant ou poésie bien choisie.

Dans la nuit silencieuse, alors que le coeur et l’esprit de l’enfant ne sont pas distraits par le bruit ou par la vue des choses environnantes, la « Petite Reine » de trois ans (Thérèse de Lisieux), assise sur les genoux de son père, écoutait l’histoire sainte ou l’histoire des saints et apprenait à chanter quelques strophes des plus beaux cantiques. Aussi est-elle devenu poète, peintre, écrivain (lisez l’Histoire d’une âme ou Rose effeuillée) et mieux encore, grande sainte dans l’ordre du Carmel et patronne des missions. Elle a joué dans L’Art !

 

 

 

 

 

 

IV

 DU JARDIN D’ENFANTS

 

 

 

 

 

 

1. DU JARDIN D’ENFANTS

 

Avant l’âge de raison, avant l’école, il faut à l’enfant la méthode d’éducation maternelle. Et le milieu est la maison maternelle.

Si on le met en dehors de la famille, certes, il convient de ne pas le mélanger à ceux plus grands que lui. Mélange=méli-mélo.

L’appellation de classe maternelle est impropre et inexacte. Les tout-petits demandent un programme, une méthode, un horaire, un local à part, et non une salle avec les quatre murs, avec des tables et bancs encombrants, avec des cahiers et porte-plume, avec des classes d’une heure ou d’une demi-heure.

Aux aiglons il faut un nid de verdure sans doute, mais aussi de l’espace pour ses ébats.

Tout doit être beau et grand puisqu’il s’agit d’éducation des sens.

Ce n’est plus dans un livre ni sur un tableau noir qu’on explique les leçons, puisque les petits ne savent pas encore l’alphabet, et que les dessins que vous même artistes, vous tracez à la craie ne valent pas la nature. Il leur faut le grand livre et les beaux tableaux de la création.

Le jardin d’enfants sera l’Eden où le petit être humain s’épanouira avec la belle nature tout autour, avec une terre sans poussière sous les pieds, avec un ciel sans voile sur la tête.

Ce sera un paradis fermé où il sers loin du monde profane, loin de ses scandales, et plus près de la nature, des beaux modèles que le Grand Artiste a créés, conservés pour l’éducation des humains.

Pour l’habitation, du confortable, si vous voulez. Mais pour l’éducation nous voulons un beau local, un beau site.

En ceci, les anciens ont devancé nos rêves. Les jardins célèbres et les parcs princiers, dont les vestiges se conservent et se voient encore à Tịnh-tâm et aux tombeaux royaux, demeurent les types de nos futurs jardins d’enfants.

 

 

2. DU JARDIN

 

Voici, selon nos idées, un jardin d’enfants au milieu d ‘une ville ou ailleurs :

Un terrain assez vaste.

A l’entrée, près de la porte, un salon.

Au milieu, une large cour entre deux bosquets.

Au fond, une maison avec corridor ouvert tout autour, salle de réunion au milieu, dortoir pour les petits, muséum, estrade ou scène de théâtre.

Derrière la maison, un jardin d’agrément avec aquarium et poulailler.

Dans un coin, cuisine, salle de douche, cabinets, etc.

Un espace pour jardin potager, verger.

Pas nécessaire que le terrain soit plat, mais gazonné avec colline et ruisseau aménagés pour les jeux et promenades.

Enfin, la clôture.

 

 

3. DES ENFANTS

 

Le jardin d’enfants est un nid retentissant de gazouillis clairs et sautillants.

Les oisillons sont les petits de deux à sept ans n’ayant aucune maladie et ne pouvant encore aller à l’école.

Uniforme.- Aussitôt après l’arrivée au jardin, les enfants refont à fond la toilette : douche, habillement uniforme, qu’ils gardent jusqu’au soir, deuxième douche avant la sortie.

Au besoin, les habits seront lavés, repassés tous les jours : Propreté est mère de santé.

Nourriture.-  les enfants prennent ici, au jardin, un repas, le matin, vers dix heures, et un goûter, le soir, vers trois heures.

Une alimentation choisie fera que nulle part, l’hygiène n’est scrupuleusement observée comme pour la becquée donnée ici dans ce nid de verdure.

Jeux.- Le programme « Bánh Trẻ » sera appliqué pour tous et pour chacun, un programme spécial, selon les goûts et les aptitudes.

Soit qu’il mangent, soit qu’ils jouent, toujours et partout les enfants seront accompagnés d’anges visibles qui les guident, qui veillent sur eux, qui dirigent leurs jeux, leurs ébats, leur promenade, depuis huit heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, moment où ils seront remis entre les mains des parents.

 

 

 

 

 

 

V

 LES JARDINIÈRES

 

 

 

 

1. LES JARDINIÈRES

 

Le programme tracé, la méthode trouvée, le jardin peut s’ouvrir.

Les enfants attendent.

Les responsables ? qui sont-ils ?

Les voici. Ce sont des personnes qui ont santé, talent, vertu, et tout d’abord des personnes du sexe.

Ce que femme veut, Dieu le veut, dit le proverbe. Or, ainsi Dieu le veut : choix tout indiqué : sélection naturelle.

N’est-il pas vrai que l’éducation dès le sein maternel et l’éducation maternelle sont oeuvre réservée aux femmes ?

La mère, qui la remplacera ?

L’homme instruit, dévoué, le père même ne la vaut pas. Elle ne saurait être représentée que par une personne pouvant être mère ou soeur, et ayant les qualités requises du corps, de l’esprit et du coeur : la santé, le talent, la vertu.

 

 

2. SANTÉ

 

Les jardinières doivent être sélectionnées quant à la santé du corps.

Malades, elles pourraient contaminer les petits et manqueraient ainsi à leur tâche.

Comme elles doivent travailler, se mêler aux jeux des enfants depuis huit heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, il leur faut une santé robuste.

Chaque année, de la huitième jusqu’à la deuxième lune, elles pourraient être envoyées à l’école d’éducation physique...

Et s’il le faut, elles feraient bien changer d’atmosphère pour se refaire : Le travail au jardin ne dure que cinq mois.

Santé des jardinières, santé des enfants !

 

 

3. TALENT

 

Quand je parle des jardinières, je sous-entends des personnes ayant une instruction à l’égal des institutrices des écoles primaires.

Et je dis talent, cela suppose une disposition naturelle, un goût, une aptitude pour une spécialité artistique : Musique, peinture, sculpture, littérature, art dramatique, art culinaire, horticulture, couture, broderie etc.

Comme leur vocation est de faire épanouir les enfants dans la beauté, les jardinières auront l’occasion et tout le temps pour vivre leur vie d’artiste et s’épanouir elles-mêmes dans la beauté voulue de Dieu.

Dans les autres associations et institutions la culture et le culte du beau ne sont que des à-côté, ici, ils relèvent du devoir de la charge.

Qu’elles se spécialisent, qu’elles se perfectionnent, qu’elles deviennent des compétences pour la communauté et pour les écoles, c’est là l’apostolat  auquel elles prétendent.

Chaque année, cinq mois de travail au jardin sept mois de perfectionnement pour elles- mêmes, c’est cela qui fait la valeur de ces futures éducatrices.

Qui sait si la culture de demain pour notre cher Viêt-Nam ne s’épanouira pas en fleurs délicates chez nos bambins et déjà en fruits exquis chez nos jardinières ?

Qui sait ?

 

4. VERTU

 

Un grand éducateur, saint fondateur d’un ordre enseignant a parlé des douze qualités d’un bon maître.

Naturellement ces qualités sont communes à tout pédagogue.

Mais la vertu caractéristique et distinctive des jardinières c’est l’amour du Beau, d’où son culte et sa culture.

Culte du Beau cré et incréé :

Amour universel pour toutes les créatures parce que toutes sont belles.

Amour souverain pour Dieu, source de toute beauté.

Culte du beau parce que adoration pour ses perfections, admiration pour ses manifestations, louange pour ses bienfaits.

Culture du Beau.

Culture pour soi-même et pour les tout-petits que l’Evangile veut préserver de toute laideur morale.

Culture ou horticulture : Taille, bouture, greffe, arrosage pour que la plante humaine s’épanouisse en fleurs de vertu et porte des fruits de vie éternelle.

Culture ou sculpture : Taille, dégrossissage, polissage pour que la matière brute, bloc de pierre, devienne statue destinée au panthéon pour le regard de la divinité et de l’humanité.

Culte : Vie de contemplation.

Culture : vie d’action.

Il ne manquera plus que la divine grâce et l’approbation ecclésiastique pour que les jardinières forment une humble mais belle congrégation dans la Nouvelle Eglise du Viêt-Nam.

Ah ! belle vertu que l’amour du Beau, et son culte, et sa culture !

Le Beau contemplé en Dieu et en ses oeuvres, et par l’éducation des sens reproduit dans nos âmes ! Peut-on trouver mieux pour l’art de la sainteté ?

Le Roi-Prophète, les trois enfants dans la fournaise, et tout l’Ancien Testament l’ont célébré dans des psaumes et des hymnes immortelles.

Après le Nouveau testament, le saint docteur de la grâce a regretté d’avoir trop tard connu, trop tard aimé la Beauté toujours ancienne et toujours nouvelle.

Et le pauvre sublime d’Assise a chanté la belle création et s’est épris de la beauté de Dame la Pauvreté tant aimée du Christ.

Et comment ne pas admirer la grande « petite reine » qui a découvert la beauté de l’Enfant-Dieu et de l’enfance spirituelle et qui nous a laissé sa splendide «  petite voie » avec la pluie des roses qu’elle jette du jardin de l’Epoux céleste.

Saints artistes ou artistes saints, vous avez marché vers Dieu par un chemin royal, car le vrai Beau a illuminé, charmé, soulevé vos belles âmes.

Puissent nos futures jardinières marcher sur vos belles traces !

O Christ du Tabor et du Calvaire,

O Vierge, Mère du bel Amour, « tirez-nous. Nous courrons après vous à l’odeur de vos parfums ».

Trabe nos !

 

 

5. UNE NOUVELLE ÉQUIPE,

UN NOM NOUVEAU

 

Equipe nouvelle

Depuis longtemps, il a toujours existé des groupements d’éducatrices pour les écoles enfantines, primaires, secondaires.

Mais pour l’éducation des sens, il manque une équipe.

Les orphelinats, les crèches, les classes maternelles, les jardins d’enfants qui ont fonctionné jusqu’à présent n’ont pas le même but, la même organisation, les mêmes procédés.

Les jardinières dont je parle ne font double emploi avec aucune école, aucune institution tant religieuse que laïque.

Association nouvelle sous tous les rapports. Baptisons les d’un nom nouveau :

«  Les Ả Vườn Trẻ »

Partout, en Orient comme en Occident on donne aux religieuses enseignantes le nom de soeur ou mère : Soeur de saint Paul, Mère du couvent des Oiseaux.

Au pays du Viêt-Nam : Cochinchine, Centre, Tonkin, les appellations varient suivant les dialectes : Cô ou O, tante paternelle : Dì, tante maternelle : appellations plus respectueuses  que soeur, moins révérencielles que Mère.

Nous n’usurperons pas ces titres.

Les jardinières s’appelleront simplement les Ả Vườn Trẻ : trois mots purement Vietnamiens.   Vườn Trẻ est différent de Ấu trĩ viên, on le sait déjà.

Quant à l’appellation , elle demande à être expliquée.

De tout temps, signifie Aînée, par rapport à Em, cadet, cadette. Et puisque les tout-petits sont tous des cadets ou des cadettes, les jardinières plus grandes qu’eux sont bien leurs Aînées.

 signifie encore mère. Les princes et les princesses appellent ainsi leur Maman.

donc, nom honorifique. En effet les petits des jardins d’enfants seront traités et élevés comme de « tout-petits Seigneurs » : raison de nommer leurs régentes .

Autre signification : se traduit par bonne, comme on dirait une bonne d’enfants. Pour être vulgaire, est un nom bien vulgaire. Mais les personnes qui cherchent à s’abaisser pour le service des petits et des pauvres seront bien disposées et même bien flattées de s’entendre appeler , nom qui doit leur sourire et les faire sourire bien gentiment.

Et ne voyez-vous pas dans ce sourire quelque chose de beau et de respectable !

Pour moi, saluant déjà de loin la belle équipe, je leur dis en m’inclinant :

Gai, gai, les   Vườn Trẻ !

 

 

6. UN BEAU RÊVE

 

Ah ! que c’est beau, l’éducation des sens avec son programme et sa méthode, et le spectacle des jardins d’enfants, avec les mille fleurs dans les parterres, avec « le concert des cent languettes d’oiseaux » dans les bosquets.

Que c’est beau, beau comme un rêve, rêve des nuits printanières.

Et le quatrain de Mạnh-hạo-Nhiên que j’ai étudié vers l’âge de quatre ans se présente à mon intelligence avec un charme mélancolique inconnu jusqu’alors.

Sommeil de printemps ne connaît point d’aurore.

Partout on entend le chant plaintif des oiseaux.

La nuit venue avec le bruit des vents et des pluies.

Sait-on jamais combien de fleurs qui tombent.

Oui, éveillé, je rêve encore.

Mais non ! qu’est- ce que j’entends partout ? Le chant plaintif des oiseaux.

Qu’est-ce que je devine voir ? Les fleurs « flétries et foulées aux pieds ».

Bruit insolite des temps ! Spectacle désolant, bouleversement annoncé par l’Evangile !

Et l’orage dure encore ; la guerre n’est pas encore près  de finir.

Les pauvres petits oiseaux, ce sont bien les enfants affamés, déguenillés, exposés dans les rues ou enfermés  dans d’étroites boutiques.

Les fleurs qui tombent ! Mais ce sont les corps rabougris, étiolés, les âmes flétries, les facultés émoussées, les vocations étouffées : manque d’aliment, manque d’air, manque de lumière, manque de tout.

Et le ciel gronde toujours.

Et l’horizon est rouge.

Et je pleure l’avenir des enfants, des familles, de la patrie et de l’Eglise Vietnamienne !

 

***

 

O vous qui avez des larmes de trop, pleurez avec moi.

Mais, vous, jeunes dames, jeunes demoiselles, qui cherchez un idéal pour votre vie, qui rêvez de la beauté pour le pays et la catholicité, venez peupler les jardins d’enfants.

L’abnégation et l’immolation sont les premiers pas à faire. Mais Dieu le veut. Le Maître vous appelle !

Elle est si belle, la cause des petits !

 

 


 

[1] Comparaison de Nguyễn-Trường-Tộ

[2] Théorie confucianiste.

[3] Livre des Mutations

[4] Tô-Thức