Liên lạc Nhân Văn

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LE  VIETNAM  ET  SES  FRONTIERES

Une  Histoire, Une  politique

André Bửu Sao

 

A la fin des Royaumes Combattants, en l'an 211 avant notre ère, la principauté du sud de l'Empire de Chine concédée au général Zhao Tuo, comprenait les trois provinces chinoises: Nanghai, Kweilin et Zhejiang. Zhejiang était la province de l'extrême sud dans laquelle se situerait le berceau de l'ethnie Lac Viet. Lac Viet était l'une des ethnies Viet(Yue) qui proliféraient dans la vaste région de l'au delà du Yangzi. Soumise à la pression permanente des Han, puis de Tsin(Chine), l'ethnie Lac Viet franchit la frontière  du Zhejiang et se confina dans le delta du Fleuve Rouge. Son chef, le roi Hung, y fonda un royaume avec sa capitale Co Loa, la Lutèce du Vietnam, non loin de Hanoi.  En 207 avant notre ère le général Zhao Tuo fit secession, annexa Lac Viet et fonda le royaume Nam Viet. En 111 avant notre ère le Nam Viet fut annexé à la Chine. Devenu province chinoise sous le nom de Jiao Zhi, une frontière départementale la séparait des trois provinces du Nord.  En 972 de l'ère chrétienne le Jiao Zhi  conquit son indépendance, prit le nom Dai Viet et la frontière départementale devint frontière nationale. Quelques ouvrages architecturaux dont le Ai Nam Quan, la Porte - Sud, aux environs de Lang Son servait de passages officiels aux missions diplomatiques. Le Ai Nam Quan est à moins de 150 km de Hanoi. Ce passage frontalier portait plusieurs noms selon les conjonctures politiques du moment: en période de conflits on l'appelle Porte pour la maitrise du Sud,Trấn Nam Quang, en période de bonnes relations: Porte de l'Amitié, Cửa Hữu Nghị, dénomination actuelle. Suite aux dernières tractations, le Ai Nam Quan  se situe à présent du cơté chinois, à 5km par-delà la ligne frontière. L'histoire des relations sino - Viet a été émaillée de conflits dont le rythme était réglé sur la fréquence des bouleversements politiques internes aux deux pays. La moindre déstabilisation de l'Etat du Dai Viet servait de prétexte aux interventions de la Chine qui tenta à le subjuguer de nouveau ou tout au moins à récupérer des régions minières limitrophes. Inversement, à la faveur d'un bouleversement en Chine le Dai Viet prit sa revenche et récupéra des pans entiers de son territoire annexés. C'est ainsi qu'au cours des 8 siècles, de l'époque Dai Viet  des Ly(1054) à l'époque Vietnam des Nguyen(1802),  on ne compte pas moins de 5 invasions chinoises: celle des Song en 1076 repoussée par le général Ly Thuong Kiet, celle des Yuen(Mongoles) repoussée par les généraux Tran Hung Dao, Tran Quang Khai, Pham Ngu Lao, celles des Ming repoussée par Le Loi en 1428, celle des Tsing(Mandchous) en 1789 repoussée par l'empereur Quang Trung. C'était le temps ó la Nation vietnamienne  faisait la fierté de ses  habitants.

Mais depuis 1945, l'histoire du Vietnam marche à reculons. On peut raconter, certes, de belles victoires  qui pouvaient honorer une nation, mais de quelle nation? Le concept de Nation s'estompe, faisant place à je ne sais quelle universalité. Sur le pays entier on fait place nette: il n' y a plus rien: ni principe, ni code, ni institution, ni même une histoire, pour reprendre les propres termes d'un communiste désenchanté. Ah, oui! il y a bien une constitution, celle qui permet à l'Etat et au Parti de gouverner de connivence sur la base  d'un  seul article: l'article 4 qui donne carte blanche au Parti pour régler l'ensemble des problèmes du pays.

Le 27 décembre 2001 parut en catimini à Hanoi une nouvelle alarmante: les autorités chinoises et vietnamiennes commencent de concert à poser les bornes délimitant la nouvelle frontière entre les deux pays. Aucune précision n'a été donnée sur les points frontières concernés. Des observateurs autorisés sont venus sur les lieux, certains ont estimé une perte d'environ de 720km2 de surface au détriment du Vietnam. Or vu un déplacement des bornes de 4 à 5km à l'intérieur des terres vietnamiennes sur une étendue de 1300km de frontière commune, la superficie perdue pourrait atteindre jusqu'à 15.000km2. Les réductions de surface dans le golfe du Tonkin sont plus ararmantes encore: en première approximation, de 10.000km2  à 20.000km2 de perte sur les zones hautement statégiques.  L'on se rappelle qu'au début de 1958, Pham Van Dong, secrétaire général du Parti, confia secrètement à la Chine la défense des 3/4 de l'espace maritime couvrant le golfe du Tonkin.  Sommé d'entériner le fait, il envoya une note diplomatique en date du 4 septembre de la même année confirmant une déclaration de la Chine selon laquelle  la souveraineté chinoise s'étend jusqu'à 12 milles marins de ses cơtes. De ce fait cette souveraineté est acquise sur l'ensemble des iles Paracels et Spratley situées au large des cơtes vietnamiennes. En 1964, en réponse au diktat de la Chine communiste, le gouvernement de la République du Vietnam(Sud Vietnam)fixa unilatéralement les limites de ses eaux territoriales à 12 milles marins. En 1974, une bataille navale s'engagea entre la Chine et le Sud Vietnam dans les Iles Paracels; des pertes importantes de part et d'autre à l'issue de laquelle l'ensemble des Iles Paracels fut occupé de force par la marine chinoise: c'était à quelques mois de la chute du Sud Vietnam. A partir de 1991, suite aux nouveaux conflits de frontières qui

opposèrent les deux pays, le Vietnam communiste tenta de revenir sur les accords antérieurs en s'appuyant sur la convention franco - chinoise de 1887, des tractations de cache-sexe quand on n'a plus rien pour couvrir  sa nullité  au yeux du monde. Par  contre, les concessions territoriales de  2001 ressemblent à une réponse à la sommation des bandits de grands chemins: la bourse ou la vie!

 Les rencontres Nixon - Mao en 1972  ont abouti au retrait de l'armée américaine et à la chute de Saigon. L'enjeu actuel de l'autorité en place à Hanoi en politique internationale  nous porte à paraphraser cette boutade lancée par Jules Ferry à l'Assemblée Nationale en 1885: Oui, l'Etat, le Parti, ce n'est qu'un pavé dans le gué pour atteindre la Chine.   

André Bửu Sao, Docteur de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales,

en Etudes sur l'Extrême Orient et l'Asie Pacifique.

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