ĐHH - Université d’été 2002

 

Thúy-Hằng

 Jeune participante

 à la VIè  Session de l’Université d’été

de la Diaspora Vietnamienne à Oslo 2002

 

La Norvège est un très beau pays. La majeure partie du paysage se compose de montagnes, de   lacs et de verdure. C’est dans sa capitale, Oslo, que la 6ème session de l’Université d’été, organisée par l'Association Nguyễn Trường Tộ, s’est déroulée cette année.

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai participé pour la troisième fois consécutive à une nouvelle session de cette Université d’été. Le voyage nous a pris pratiquement deux jours.

Partis de la France, mes amis et moi avons gagné le port de Kiel, en Allemagne, ó nous avons pris le bateau. Nous y avons passé toute une nuit, le temps de traverser la mer du Nord qui sépare le Danemark de la Norvège, pour rejoindre notre destination: Oslo.

 Je vais à présent me concentrer sur la très belle semaine que nous avons vécue là-bas.

 Première surprise à notre arrivée dans la capitale: le taxi. Alors bon, le chauffeur était normal, son véhicule avait bien quatre roues comme chez nous, jusque là, rien d’étonnant ; non, en fait, c’est le prix : 777 Kr, soit 656 FF pour nous avoir escortés jusqu’au lieu d’hébergement. C'est un petit détail sur lequel je reviendrai plus tard. En revanche, j’ai beaucoup apprécié le professionnalisme de ce chauffeur. Quand nous étions arrivés dans les environs, il tournait un peu en rond parce qu’il ne connaissait pas le chemin, alors il a interrompu son compteur et a continué à chercher. Il n'a pas mis longtemps à trouver.
         Venons en à ce centre : nous devons une fière chandelle à la responsable sur place, une jeune fille comme vous et moi, qui nous a dégoté un lieu presque idyllique. Il s’agirait d’une école de musique et de théâtre parce qu’il y avait des pianos un peu partout, dans différentes pièces, dont un grand piano à queue dans la grande salle de conférence. A l'étage se trouvaient un grand salon ó nous passions une partie de nos soirées et à proximité, une bibliothèque garnie de livres anciens et de jeux de société. Non loin de là, un autre bâtiment dont l’intérieur se présente comme un vrai théâtre : estrade pour les représentations et rangées de chaises (très confortables) pour le public. Et derrière la scène: les coulisses, plusieurs petites pièces équipées de miroirs encadrés d’ampoules ó les comédiens viennent se changer et se maquiller. C’est la première fois que j’ai l’opportunité de visiter ainsi entièrement un théâtre, cela m’a été très instructif. La grande salle de conférence, ó avait lieu la majeure partie des cours, servait également de gymnase puisqu’on avait aussi un panier de basket, du matériel pour jouer au hockey et des
tapis que nous avons utilisés un soir lors d'un excellent cours d’ạkido. Les filles préféreront peut-être le terme de self-défense…
           A quelques pas de la maison se trouvait un grand lac que nous apercevions de nos fenêtres, imaginez la vue ! La surface de l’eau scintillait à nous éblouir les rares moments ó le soleil était
au rendez-vous, et une fois seulement, nous avons eu un magnifique reflet, très clair, du paysage sur l’eau : le premier soir je crois. Cette image n’est plus revenue par la suite. Une de mes amies a même regretté de ne pas avoir pris de photos sur le coup. Certaines photos restent alors gravées dans le cœur…Un soir, nous nous sommes promenés tout autour du lac. Cela nous a pris 1h30 de marche. Heureusement que l’une d’entre nous avait déjà fait le chemin pendant la journée (elle
faisait son jogging…) et qu’elle connaissait le chemin, sinon, nous nous serions peut-être perdus car le sentier bifurquait, formait des « y » à certains endroits.  En route, nous avions repéré un terrain de volley avec deux filets. Les organisateurs avaient du coup projeté de faire une soirée "tââp thể thao", comprenez volley ball bien sûr, en milieu de semaine. Ce que nous aurions fait s’il n’avait pas plu ce jour-là. Mais la pluie semble de rigueur en Norvège, alors nous avons eu finalement un cours d’ạkido dispensé par un jeune professeur très sympathique. Une petite info sur le climat norvégien: il arrive qu'il pleuve 10 mn, puis qu'il y ait juste après un superbe soleil durant autant de temps,  puis que la pluie revienne à nouveau et ainsi de suite! On ne s’ennuie pas.

          Après le terrain de volley, nous avons ensuite découvert un espace prévu pour les feux de camp : nous avons sauté sur l'occasion le lendemain pour faire un grand feu, toujours au bord de l'eau. Nous profitions alors en même temps de très belles chansons vietnamiennes chantées par les étudiants qui avaient apporté leur guitare. Quel doux moment!

Enfin, alors que nous continuions notre parcours et suivions notre sportive débordante d’énergie, la nuit continuait de tomber et nous apercevions bientơt des silhouettes au loin : c’était des pécheurs ! Des gens qui sortaient pêcher à 1h du matin ! Là, notre charmante guide s’arrête pour reprendre son souffle et se tourne vers moi pour me demander si les poissons ne dorment donc pas à cette heure-ci. A vrai dire, je n’en savais rien mais que j’avais toutefois une explication à lui donner : c’était que ces personnes venaient sûrement pêcher à ces moments-là parce que c’était à ces heures que tout était calme et que tout le monde dormait (sauf nous évidemment, mais c’était une autre histoire…) et qu'au moins, il n’y avait pas de bruit pour effrayer les poissons. Je ne connais pas la fin de l’histoire mais j'imagine que ces gens savaient ce qu'ils faisaient.
         Au fur et à mesure que le temps passait, mes amies et moi nous attendions à ce qu’il fasse nuit, une nuit complète comme en France par exemple. Nous surveillions notre montre, il était 1h10 et
…Etait-ce notre imagination ou voyions-nous réellement poindre les premiers rayons du soleil ? Le ciel semblait plus éclairci qu’à l’heure de notre départ en balade et nous avions l’impression de mieux voir qu’auparavant. Je pensais pendant la marche que c’était parce que nos yeux s’étaient peu à peu habitués à l’obscurité. C’est là qu’un garçon habitant en Norvège nous a appris qu’il n’y avait jamais de nuit complète en été : l’obscurité que nous avions eue à minuit était à son maximum; et qu’ensuite, il recommençait peu à peu à faire jour. C’est vrai, en partant de la France vers la Norvège, nous nous étions rapprochés du pơle Nord et il me revint cette histoire à l’esprit : au pơle Nord, là ó vivent les esquimaux, il ne fait jamais nuit !  Voyant notre étonnement, notre ami, un garçon dont j'avais déjà fait la connaissance à la session de l'an dernier, à Nancy, ne put s’empêcher de sourire et il s'est mit à nous raconter une petite anecdote : l'un de ses copains était en Norvège depuis peu et il devait se lever un matin pour aller travailler à 8h. Un après-midi, il a eu envie de faire une sieste, il était 16h. Il s'est mit à dormir. Soudainement, il se réveille et voit qu’il est 8 h sur sa montre. IL se lève et se dépêche de s’habiller pour courir à son travail. Quand il arrive sur les lieux, il n’y a personne. Après un moment, il comprend qu’il n'était que 8 h du soir…La lumière éclatante du jour à une heure pareille, surtout pour quelqu’un qui n’avait pas l’habitude, lui a cỏté quelques frayeurs…
            Passons à présent aux cours : c’est avec beaucoup de joie que j’ai retrouvé les professeurs, des personnes que l’on apprend à connaỵtre toujours mieux au fil des années. Certains sont toujours au rendez-vous: le professeur d’histoire et géographie par exemple, il vient du Canada. Il résume souvent son cours en anglais pour le projeter sur le mur : c'était très apprécié. Cette année, il a parlé  des ressources naturelles du Viêt-nam; le professeur de philosophie (de France) est aussi le principal organisateur de l’Université d’été:  il parlait des conceptions de l ‘amour et nous demandait de réfléchir sur les actes que l'on prend souvent accomplir par amour et qui pourtant peuvent plutơt relever de l'égọsme. Un autre professeur est venu d’Angleterre : on a eu un soir un cours de langue vraiment génial: c'est quelqu'un qui explique vraiment très bien. Pour ceux que cela intéresse, voici un petit résumé de son cours. J’ai compris grâce à lui par exemple la composition de certains mots en vietnamien : il a l’habitude de ranger les lettres ou syllabes d’un mot dans un tableau à deux ou trois colonnes : de cette manière, il fait ressortir les voyelles simples ou doubles (appelées alors des diphtongues) de certains mots. Exemple : j’ai toujours cru que le mot tiền [argent] était composé de deux voyelles distinctes et que le mot mười [dix], de trois voyelles.  En fait, le groupe " " forme ensemble une diphtongue, tout comme dans thúy ou ngày [le jour]. En revanche, dans le mot mười, nous avons une diphtongue + une voyelle finale (nguyên âm cuối): ườ+i , tout comme dans ngồi [extérieur] ou encore chiêù [après-midi]. Comme vous   pouvez le voir, il existe plusieurs types de diphtongues (iê, oa, etc…). Cependant, toutes les voyelles qui se suivent ne forment pas forcément des diphtongues. Exemple dans le mot hải [la mer] ou tơi [je]; là, on a bien deux voyelles.  C'était notre premier cours, je ne crois pas qu'il ait eu le temps de nous énoncer une règle (s'il y' en a une). En tout cas, j'ai beaucoup apprécié qu'il y ait eu pour cette troisième année ó je participe, un cours de langue, en plus des cours magistraux ó il est un peu plus difficile de tout comprendre.
J'ai eu également le plaisir de revoir des prêtres qui sont toujours attentifs à nos préoccupations, que ce soit sur notre vie ou tout simplement sur un sujet qu'ils ont évoqué en cours magistral. J'ai particulièrement en mémoire un prêtre qui vient de la Belgique: il prend toujours soin de parler le plus simplement possible pour que nous puissions tous comprendre, et ça marche! Il est très ouvert à toutes les discussions. J'ai aussi été agréablement surprise de voir qu'il avait remarqué mes progrès dans l'acquisition de ma langue maternelle au fil des années.
Enfin, le professeur de musique qui nous avait beaucoup amusés en 1999, était là lui aussi : pour moi, c'est "celui" qui sait faire du bruit rien qu'avec deux cuillères. En fait, c'est plus que du bruit, ce sont des rythmes. J'ai essayé depuis, je n'y arrive toujours pas. Il avait aussi dans ses poches toute une panoplie d'instruments fabriqués en bois et de la ficelle. Lors de son spectacle le dernier soir, nous avons tous été impressionnés par sa prestation: il arrive à jouer de la musique techno à lui tout seul simplement avec son instrument en bois qu'il place dans la bouche…Il nous a fait bien rire aussi. C'est vraiment un excellent artiste.

Une seconde professeur de musique était là également : elle a apporté plusieurs instruments vietnamiens dont des cithares (đàn tranh), des sortes de guitares (đàn kìm) et de violons à deux
cordes (đàn nhị). Un petit groupe d'entre nous en avons profité, tous les après-midi, pour venir essayer et apprendre des différents instruments. C'était très amusant à jouer…et à entendre aussi. Le dernier soir, consacré aux spectacles, nous avons présenté en public ce que nous avons appris, chacun revêtu de son costume (áo dài etc…). Cela me rappelle une autre professeur de l'an dernier, qui n'a pas pu être des nơtres cette année, et qui avait aussi apporté un bon nombre de cithares vietnamiennes : tout le monde s'y était mis! Très patiemment et avec méthode, elle nous avait appris à placer nos mains, nos doigts, l'emplacement des cordes et la façon de jouer une gamme montante ou descendante. Elle était très perfectionniste. A la fin de la semaine, nous savions tous jouer une ou deux mélodies vietnamiennes. Du coup, cette année, c'est aller beaucoup plus vite pour assimiler. Les cours pratiques, c'est vraiment ce qu'il y a de mieux, je trouve.

Nous avons par ailleurs la connaissance de nouveaux professeurs: il y avait une autre professeur de lettres. Quand elle parlait de poésie, beaucoup d'entre nous décrochions très vite car le
vocabulaire devenait vraiment trop spécifique. En revanche, nous comprenions quand elle nous racontait des anecdotes, souvent directement lié à sa propre vie de jeune fille. On aimait beaucoup son intonation énergique et très engagée.
Après les cours magistraux, nous étions ensuite par groupe pour discuter de ce que nous avions compris ou pour poser des questions. C'était souvent l'occasion pour nous de demander des précisions quant à ce qu'a dit tel ou tel professeur ou alors pour donner son avis personnel sur un sujet. Les adultes faisaient toujours de leur mieux pour nous comprendre.

En milieu de semaine, nous avons fait une excursion en bus toute la journée. Nous sommes allés à Oslo même. Nous avons visité un musée qui exposait entre autres tout ce qui est en rapport avec le ski etc.… il y avait aussi une sorte de tour au sommet de laquelle on pouvait monter pour voir la ville d'Oslo d'en haut. C'était très beau. Heureusement qu'il y avait un ascenseur… Ensuite, nous avons visité un grand parc construit, on aurait dit, un peu à la manière des jardins à la française. Je discutais à ce propos avec une étudiante venue de Suisse, qui était non seulement très sensible à l'art mais qui s'y connaissait également beaucoup. C'est elle qui me fit remarquer que la découpe des jardins du grand parc était très droite. Ce qui nous a fait pencher toutes les deux pour l'époque classique en France. Différentes variétés de roses étaient cultivées à divers emplacements, nous continuions notre visite et c'est quand il y a eu un souffle de vent que nous avons remarqué que certaines roses sentaient vraiment très bon. Je me souviens d'une variété en particulier qui dégageait une somptueuse odeur de parfum pur.  A l'entrée du parc, il y avait des statues taillées dans de la pierre et au centre du parc, une magnifique fontaine à deux étages. Tout ce parc ressemblait vraiment à un coin de paradis. J'espère pouvoir y revenir un jour.

 Pour le midi, nous avions chacun reçu deux délicieux sandwiches. L'après-midi, nous nous sommes rendus au centre-ville. Là, comme beaucoup, j'en ai profité pour acheter des cartes postales. C'est là que nous avons vu que la vie en Norvège est plutơt cỏteuse pour ne pas dire chère! 10 Couronnes ( Kr) était le prix moyen d'un carte postale. (Sachant qu'un Euro vaut 7.7 Kr). Un timbre pour envoyer ensuite la carte en Europe, juste de l'autre cơté de la mer du Nord, revient à 7 Kr. Un ami m'a raconté que son paquet de cigarette lui avait cỏté 56 Kr et une autre, que les deux bols de Phở pour sa sœur et elle + encore un autre plat, elle en a eu pour presque 600 Kr! Je demandai alors à une fille habitant en Norvège s'il existait quelque chose qui ne cỏterait qu'un Kr. Elle me répondit que oui : un bonbon…En fait, le salaire y est élevé aussi. Mais pour un Norvégien,la vie reste quand même chère.
          Autre particularité en Norvège: les feux. Ils en ont quatre: un vert, un orange et …deux rouges! Par ailleurs, les Norvégiens roulent les phares allumés, même en plein jour. C'était autant de petits détails qui m'ont rendus le pays drơle mais en même temps, très attachant.
Le soir, nous avons fait un barbecue, c'était un jour ó il ne pleuvait pas, heureusement. Par contre, il faisait froid, comme d'habitude. Mais en une semaine, je m'étais habituée sans le savoir à ces basses températures au point qu'à mon retour en France, j'ai pris deux semaines pour me réadapter aux chaleurs de juillet. Etant donné qu'il y a beaucoup de lacs en Norvège, la pêche y est largement autorisée. Une personne était d'ailleurs allée pêcher des poissons juste
dans le lac dont nous avions fait le tour : je n'ai jamais mangé un poisson aussi parfumé. Il était tout frais et même sans sauce, il avait un gỏt très fort. Délicieux.
            La Norvège est vraiment un pays surprenant, tant par ses habitants: des gens réfléchis et souriants, que par sa végétation : la nature y a toute sa place et chaque maison est unique, comme me l'expliquait un autre ami de Norvège. C'était un beau spectacle et c'est dans ce cadre-là que s'est déroulée notre Université cette année, une semaine qui a été très équilibrée: on a eu des cours comme des moments de pause, des moments de réflexion en groupe comme des moments de détente (sortie, sport, musique). Autant de moments variés qui nous a permis à chacun de mieux nous connaỵtre. C'est également dans ce cadre que j'ai pu revoir des visages que je n'avais plus revus depuis trois ans et en faire la connaissance de nouveaux. C'est toujours une grande joie pour moi. Merci à tous les adultes qui nous ont encadrés durant cette semaine et aux organisateurs de nous permettre de vivre ces instants privilégiés